La « sécurité » sous la contrainte
C’est simple, et redoutablement efficace… Pourtant, le moins que l’on puisse écrire, c’est que ce député Mariani, qui s’est déjà illustré par son amendement destiné à instaurer des tests ADN dans le cadre du regroupement familial en septembre dernier, ne fait pas preuve de discernement quand il s’attaque à la sécurité routière…
Il justifie ainsi sa proposition : « Les dispositions législatives (permis à points, limitation de vitesse etc...), les contraintes économiques (combustible plus cher, entretien plus cher, assurance en forte augmentation etc...) et les évolutions techniques (freinage ABS, qualité des pneumatiques etc...) applicables au conducteur et au matériel automobile ont été les mêmes pour les conducteurs de deux-roues, les motocyclettes et dérivés.
Cependant, on ne note aucune influence sur une diminution des accidents corporels et mortels pour les conducteurs de motos comme cela l’a été pour les conducteurs d’automobiles ! (…) Ainsi, selon le rapport du Conseil économique et social, "Sécurité routière et circulation : la responsabilité des différents acteurs" (mai 2007), on note en 2005 une augmentation de 3,8 % des tués sur la route dans la catégorie des cyclomotoristes, et de 1,3 % dans la catégorie des motocyclistes. »
Mariani ment par omission
Thierry Mariani aurait pu pousser un peu plus ses investigations : entre 2005 et 2006, on notait une diminution, très nette, de 12,6 % du nombre de tués en motocyclette sur les routes françaises ! Et entre 2006 et 2007, si le chiffre officiel n’est pas connu, il semble que le nombre tués à moto aurait eu tendance à stagner, et non à croître.
C’est faux, Monsieur Mariani, les motards et les scootéristes, ainsi que les constructeurs de deux-roues à moteur, ont fait des efforts comme les autres usagers de la route ! En matière de sécurité routière, le contrôle technique moto n’aurait aucune utilité puisque, comme le rappelait récemment la FFMC, la seule étude européenne sur les accidents de moto, le rapport MAIDS dévoilé en 2004 par l’ACEM (Association européenne des constructeurs), explique que : « Seuls 0,7 % des accidents de 2RM sont liés à une défaillance technique. »
Jouons le jeu !
À vouloir dramatiser la situation, le député Thierry Mariani va certainement s’attirer la foudre des motards. C’est peut-être ce qu’il attend : cet élu a l’habitude d’agir comme une « tête chercheuse » du gouvernement à l’Assemblée nationale. Il lance des propositions de loi provocantes, et nos gouvernants voient ainsi comment réagit l’opinion.
La meilleure action que pourraient mener les motards, s’ils ne veulent pas du contrôle technique, serait donc de se faire entendre de leurs députés. Une action qu’est justement en train d’organiser la FFMC…